Manipulateurs au travail : bien les identifier

Merci à Marie pour cet article !

Manipulateur au travail : galvaudé ou bel et bien toxique, mortifère et coupable ? une question de santé publique

C’est un profil psycho-pathologique capable de singer des émotions à dessein et dont les effets pervers présentent des risques psycho-sociaux réels au sein d’une équipe/entreprise. Un profil sournoisement répandu et reconnaissable à une série de caractéristiques dont nous nous appliquons ici à dresser une liste initiatique, bien que non exhaustive, sous le poids de trop nombreux récits alarmants. Ces parcours en nombre et relatés souvent tardivement dans l’ombre et le souvenir douloureux d’une emprise qui a laissé des traces, semblent en effet suivre un schéma commun de mécanismes psychologiques tordus employés par le manipulateur conduisant aux sempiternels mêmes effets qui laissent s’interroger sur le traitement d’une question de santé publique.

Quelques caractéristiques…

  • Le contrôle de la pensée, de l’opinion, des relations entre collègues… voire même des relations tout courts avec des avis lancés l’air de rien- ou même carrément plus explicites – destinés à relativiser l’intérêt de tel ou tel lien d’amitié ou à en désigner la dangerosité (mauvaise influence) « à son humble avis ». Conduite insidieuse et efficace, dès lors que le pervers s’applique à créer une fausse relation d’amitié voire d’intimité à travers des moments privilégiés de « bavardage » pendant la pause, invitations ponctuelles dans son cercle privé, confidences pour confidences, facilitée par un ordre hiérarchique… L’occasion d’obtenir de vous juste assez d’informations « sensibles » (valeurs personnelles, convictions politico-religieuses, mode de vie en couple et projets familiaux, etc.) qui, confiées avec abandon et sincérité de votre part mais avec contrôle et intérêt de la sienne, vous placent dans une posture désormais vulnérable qui lui donne accès à votre psyché. Désormais il a les clefs en main pour vous persuader sans effort et sans même l’apparence de l’influence puisque…il/elle « vous connaît si bien ».
  • Dans la lignée de ce qui précède : le principe de diviser pour régner. Au bureau, cela peut se traduire par des conversations « en off » au sujet des autres membres de votre équipe, suite auxquelles vous réalisez que votre seule fonction était d’approuver les perceptions et décisions de votre interlocuteur… ton léger et « informel » mais vous voilà co-responsable de commentaires et critiques dont, bien que n’en étant pas à l’origine, vous subirez les conséquences à votre charge ou à celle du tiers. A tour de rôle au sein de l’équipe. Cela peut aussi consister en des critiques voilées formulées à haute voix contre un membre de l’équipe en plein open space, ou des effets de comparaison à votre avantage ou à votre détriment selon le sens du vent ce jour-là.
  • Sa spécialité : le souffle du chaud et du froid. Sans doute avez-vous parfois l’impression de percevoir quelques degrés de moins dans votre écosystème au travail : c’est le principe de la batterie d’i-phone parfaitement maîtrisé par le manipulateur : il vous charme, vous use, vous donne de l’importance et vous tourne le dos du jour au lendemain, supprimant d’un coup cette pseudo-chaleur dont vous réalisez qu’elle ne venait pas de lui mais de vous. Chaleur que vous dépensiez pour lui/elle, en réconfort de ses propres maux (charge de travail, manque de support des autres collaborateurs, problèmes de santé, situations privées/familiales difficiles, etc.) dont il vous faisait confidence en signe de confiance absolue… Et puis vous passez brutalement du statut de confident intime exclusif à celui de parfait étranger à qui l’information sur les dossiers en cours ne parvient plus que via via, dont la valeur ajoutée et le « talent » deviennent tout relatifs… et que l’équipe, brutalement, isole volontiers des moments supposés « collectifs ».
  • Des consignes qui changent de manière impromptue laissant penser à un problème de mémoire de la part de ses victimes, l’emploi de mots « qui marquent » affichant valeurs et vertus brandies en étendards au-dessus d’actions aléatoires.
  • La vérité n’existe pas. C’est un sentiment d’injustice régulier qui se renforce suite à des conversations insensées nourrissant la confusion mentale (vous démarrez un échange avec les idées claires, un raisonnement construit et une opinion justifiée par des faits, vous le quittez avec la conviction d’avoir tort voire en présentant vos excuses), une relation oscillant entre compassion et mépris qui casse votre équilibre émotionnel et met sur la sellette tout ce qui fait que vous êtes bon dans votre job.

Gardez à l’esprit une chose : votre interlocuteur manipulateur a pour lui cet art étrange d’inverser les causes en toute sincérité : quoique vous lui exprimiez (s’il vous prenait l’envie d’exprimer votre malaise ou votre désaccord), vous finirez par admettre que vous êtes l’unique cause de vos propres maux, la victime de vous-même, pauvre collaborateur/trice en mal d’amour et de regards, trop sensible à des choses officiellement non identifiées par votre entourage au travail.

…conduisant aux mêmes effets.

Les symptômes ? Ce sont des symptômes d’un corps à vif qui appelle l’individu à une prise de conscience. C’est un processus sanctionné par le cri d’un corps en saturation : des muscles qui se nouent dans le dos, un plexus solaire privé d’air/paralysé par un estomac trop plein d’acide, le cœur au bord des lèvres, les yeux inondés parce que, des larmes, pour brouiller la vision pénible d’un écosystème qui change sans prévenir, une perte de poids rapide, des réveils douloureux entre maux de têtes et de dos, des troubles respiratoires, un épuisement dans les seules actions de parler ou réfléchir, des cycles menstruels qui ne se font plus, un système immunitaire qui lâche et vous laisse en proie à chaque virus alors en cours, le déclenchement de maux physiques lourds impliquant une opération chirurgicale… Autant de signaux en appel au secours exprimé par le corps pour déclencher l’instinct de survie…et fuir ! Autant de signaux dont certains visibles à l’œil nu par le manipulateur…alors capable d’émettre une forme d’inquiétude, soulignant votre état de « fragilité » et vous invitant à prendre le temps de « vous faire soigner », en bon « père de famille » inquiet de la santé de ses dominés. C’est alors l’impression de devenir fou tant que personne autour de vous n’intervient pour évaluer les faits avec objectivité et vous démontrer que le problème ne vient pas de vous (à rechercher en ce sens pour un maximum d’efficacité : les précédentes victimes du manipulateur en question). L’objectif étant de recouvrer une vitalité confiante et combattive, réparer ce qui doit l’être…et éviter le drame d’une conduite suicidaire, issue malheureuse, injuste…mais effective.

C’est un mode de fonctionnement réel et profondément dangereux car mortifère. Malheureusement observable en entreprise selon les mêmes mécanismes produisant les mêmes effets. Difficile à démontrer quand le manipulateur prend soin d’éviter (voire d’interdire) les traces écrites, ce fonctionnement est d’autant plus grave qu’il est aisé, pour s’en détourner et ne pas le traiter, d’en mettre les effets sur le compte de la sensibilité de celui qui en souffre, réduisant ainsi un comportement contrôlé et dévastateur du manipulateur à une fragilité intrinsèque supposée propre à la victime (thèse principale du pervers). C’est pourtant la force de travail et le socle solide de valeurs de la victime qu’a enviés et voulu détruire le manipulateur, lui-même étant assis sur un terreau friable irrigué par rien. Les témoignages et rapports d’expérience arrivent souvent très tard, longtemps après avoir admis et fui la situation, car c’est un phénomène qui semble relever de l’impalpable / du non factuel tant que les expériences n’ont pas été partagées. Ce qui est salvateur : rencontrer des gens qui ont vécu une telle expérience, dans l’idéal rencontrer ceux qui ont vécu la même expérience avec cette même personne…de quoi réhabiliter votre amour-propre, votre sensibilité et votre intelligence. Ce sont précisément vos valeurs fortes et votre empathie qu’il faut soigner et renforcer contre vents et marées car ce sont ces paramètres de votre personnalité que votre bourreau a enviés, exploités et tenté de dominer, lui en étant authentiquement dépourvu.

Si vous souhaitez écouter un autre témoignage sur les personnes toxiques au travail, rendez-vous dans ce podcast.

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Crédit photo : Pexels.

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