Le Livre de Lézard est un recueil de textes et de poèmes écrit pour les éclaireurs et éclaireuses mais qui peut inspirer chacune d’entre nous dans sa vie quotidienne. Il a été écrit par Aimée Degallier-Martin (totem Lézard), une éclaireuse genevoise née a Moscou vers 1905, de mère russe et de père suisse. Divers thèmes y sont abordés : la paix, la souffrance, la joie, la pureté, être un chef, prier, Noël, la beauté, etc. En voici quelques extraits.

Je voudrais être une œuvre d’art

Simplicité

« Restez fidèle à vous-même.

N’ayez qu’une couleur à travers la vie ; un seul et même parfum.

Ne changez pas chaque jour.

Ne soyez pas rouges dans votre famille ; bleues avec vos amis et jaunes à votre travail.

Soyez simples…

Toujours la même chose ; partout la même chose. 

(…)

Soyez simples.

N’ayez pas deux vies.

Ce que tu ne peux pas faire devant tes camarades et devant tes chefs, il ne faut pas non plus que tu le fasses derrière leur dos.

Et ce que tu ne peux pas dire à haute voix, il ne faut pas non plus le chuchoter en cachette. »

Être pure

« Être pure…propre seulement, sur son corps et dans son âme.

C’est si simple la propreté.

Pourtant, lorsqu’on regarde bien les choses et les hommes, on découvre qu’il y a beaucoup de malpropreté, un peu partout…

Pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi ?

Pureté, propreté, sainteté…c’est presque la même chose : propreté physique et propreté morale ;

Beauté d’un corps jeune et sain.

Droiture d’un regard clair derrière lequel on devine une âme forte

N’est-ce pas l’idéal lointain vers lequel l’humanité s’achemine depuis des siècles ?

Faut-il que la conquête de cet idéal soit difficile, pour que l’effort humain, à travers le temps, n’ait pu la réaliser  !

Oui, la conquête de la pureté est une rude besogne.  

Mais ça ne fait rien.

J’aime ce qui est dur, ce qui est difficile, presque inaccessible : les rêves audacieux des hommes les plus grands.

La vie serait moins belle s’il n’y avait cet effort vers quelque chose de mieux.

Cette lente ascension qui nous est proposée et qui nous conduit d’effort en effort jusqu’à la perfection. »

Sois prête

Être prête,

Ce n’est pas être préparée ;

Ce n’est pas avoir tout prévu ;

Cela est impossible ;

Personne ne peut le faire.

Être prête,

C’est accepter la vie ;

C’est bondir au-devant du jour nouveau ;

C’est tendre les bras vers sa richesse inconnue ;

C’est se tenir en face des heures qui viennent, calme et sereine ;

C’est vivre le présent avec force, courage et bonne volonté, sans s’inquiéter de demain ; ni de ce que sera après-demain ; ni de ce qui peut arriver dans un avenir éloigné. 

(…)

Être prête,

C’est accepter la vie ;

Toute la vie ;

Telle qu’elle vient à nous ;

Avec ce qu’elle a de plus beau et ce qu’elle a de plus triste :

Avec ses jours légers qui passent comme passe un papillon ;

Et ses jours pesants qui traînent comme traîne le brouillard sur les champs mouillés. 

Être prête,

C’est être disposée à faire ce que l’heure exige ;

C’est accepter avec bonne volonté.

Ce n’est pas dans tes paroles que je verrai si tu es prête ; ce n’est pas dans tes actions ;

C’est dans ton attitude en face de la vie ; peut-être dans ton regard.

Accepter…c’est beaucoup.

Ce n’est pas assez.

Pour être prête, il faut avoir choisi.

La vie est trop riche ;

Il y a trop de choses qui nous attirent et qui nous appellent.

Les forces physiques et les forces intellectuelles d’un homme ne suffisent pas pour tout embrasser et pour tout accomplir.

Dans cette diversité, il faut choisir. 

(…)

Tu as choisi.

Tu es prête. » 

Mettez en nous la force de vivre simplement

« Mon Dieu,

Mettez en nous la force de vivre simplement la vie que Vous nous destinez ; cette vie que Vous avez voulue pour nous dans un but que nous ne pouvons pas comprendre aujourd’hui ; mais que nous comprendrons demain, quand tout sera fini, quand notre vie aura été vécue.

Mon Dieu,

Mettez en nous la force de vivre simplement la vie que Vous nous destinez.

Permettez que nous marchions parmi les hommes, seuls et paisibles, sur le chemin tranquille ou bruyant de nos tâches quotidiennes. »

Je ne sais pas autrement dire merci

« Mon Dieu.

Le bonheur que Vous m’avez donné est infini.

Je n’ai besoin de rien.

Faites-moi meilleur seulement,

Afin que je sois en ce monde, une force bonne,

Non pas une force mauvaise.

Le bonheur que Vous m’avez donné est infini.

Faites-moi généreuse, maintenant ;

Sans égoïsme,

Afin que ma main reste tendue vers les hommes,

Et que mon accueil leur soit doux.

Le bonheur que Vous m’avez donné est infini.

Que chacun de mes jours soit une offrande pour Vous,

Faite en silence,

Dans l’acceptation tranquille des choses.

Je ne sais pas autrement dire merci. »

Noël

Être vrai, c’est si difficile !

Les hommes ne le savent pas.

Pour ne pas faire mal aux autres, ils mentent.

Pour qu’on ne leur fasse pas mal, ils mentent.

Et tous, nous avons menti.

Comme s’il était possible que la joie vienne d’un mensonge. Comme si la paix ou la consolation pouvaient en sortir. 

Soyons vrais.

Osons nous montrer tels que nous sommes, tout simples et nus, les uns en face des autres. 

Osons dire ce qui bouillonne en nous et ce qui chante dans nos consciences.

Pourquoi le cacher ?

N’est-ce pas souvent ce qu’il y a de meilleur en nous ?

Et puis, n’est-ce pas écrit dans notre regard, dans les rides souriantes ou amères de notre visage ?

Osons dire ce que nous croyons.

Osons dire ce que nous voulons. »

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