Rester catholique et féminine dans un environnement hostile (classe prépa)

Ce n’est pas la première fois que je reçois, par message privé, des témoignages et demandes de conseil de personnes qui sont en études supérieures et qui ont parfois du mal à concilier leur foi et leur vie sociale. En effet, dans certaines écoles de commerce ou classes prépa, par exemple, les mœurs sont assez dissolues, et pour s’intégrer à sa classe, on a parfois l’impression qu’il faut faire comme tout le monde, passer ses soirées à boire et baisser ses exigences morales, vestimentaires ou intellectuelles, afin de se fondre dans la masse, de passer inaperçu et d’avoir, ainsi, l’impression que la vie sociale est plus facile. Que faire dans ces moments-là, faut-il couper les ponts avec tout le monde, faut-il faire comme tout le monde et baisser ses exigences, et comment se situer par rapport aux autres ? Je vous ai posé la question sur Instagram, et vous avez été nombreuses à partager vos témoignages et conseils, et je vous en remercie. Voici quelques éléments de réponse.

Vos premiers conseils étaient, bien évidemment, de prier Dieu et de recevoir régulièrement les sacrements, afin de fortifier son âme et lui permettre de rester forte malgré les épreuves et les tentations. Certaines ont mentionné l’idée de faire des prières spécialement à cette intention avant de partir en cours ou en soirée, et d’évoquer le Saint Esprit et l’ange gardien pour leur demander aide et assistance en toutes circonstances. Il faut bien avoir en tête que le principal est de plaire à Dieu, et que c’est Lui qui passe en premier. Faire régulièrement des retraites et avoir des lectures spirituelles ou de formation, afin de ne jamais perdre de vue pourquoi nous sommes croyants, pourquoi nous faisons ces choix, et pourquoi il est important d’y rester fidèle.

Le conseil donné le plus fréquemment a été de prendre du recul, et ce, de deux façons. Tout d’abord, en se disant que les années d’étude ne sont qu’une parenthèse, et ne durent pas toute une vie. Ne laissons pas quelques années nous gâcher l’existence ou nous pousser à prendre de mauvaises décisions, surtout pour quelques personnes dont nous n’entendrons peut-être plus parler dans quelques mois. Et c’est mon deuxième point : plutôt que de vouloir à tout prix fraterniser avec des personnes avec qui nous ne partageons pas grand chose, pourquoi pas plutôt essayer de se faire des amis à l’extérieur, à l’aumônerie ou dans d’autres associations (ou activités), ou même choisir d’être en colocation avec une personne catholique ?

Lorsque vous êtes obligée de fréquenter ces personnes, soyez fière de vous et de vos valeurs, ne changez pas pour eux. Vous pouvez tout à fait rester fidèle à vous-même, sans être condescendante, et en restant agréable, drôle, souriante, serviable. C’est un bon moyen de faire de l’apostolat, ne l’oubliez pas ! Vous saurez vous faire apprécier telle que vous êtes et les gens vous respecteront parce que vous aurez le courage d’assumer vos idées et vos valeurs. De façon générale, il n’est jamais bon de prétendre être quelqu’un d’autre ou de vouloir ressembler aux autres à tout prix (dans le domaine vestimentaire également). Assumez, et vous verrez que cela se passera très bien 🙂

Concrètement, vous pourriez par exemple participer aux soirées organisées par vos camarades, mais en partant plus tôt que les autres, avant que cela ne dégénère. Sauf si c’est trop dangereux pour vous, dans ce cas, ne participez pas du tout, bien évidemment. Vous pouvez aussi organiser vos propres sorties culturelles, pique-nique ou goûter, avec des personnes qui semblent partager certaines valeurs avec vous, cela permet de tisser des liens et de ne pas se sentir isolée. Dans tous les cas, ne vous laissez pas abattre et restez courageuses ! Vous n’êtes pas la seule à être dans ce cas, cela peut être une mauvaise période à passer mais elle ne durera pas longtemps. Hauts les cœurs ! Si vous souhaitez témoigner en commentaire ou apporter d’autres conseils, n’hésitez pas 😉

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11 réflexions sur “Rester catholique et féminine dans un environnement hostile (classe prépa)

  1. Sylvie dit :

    Bonjour Thérèse, j’ajouterais qu’un soutien important peut venir des communautés chrétiennes (aumôneries). Toutes les grandes écoles et universités en ont et cela permet de nouer de solides amitiés avec des personnes chrétiennes de tous horizons. C’est important aussi de ne pas s’enfermer dans son cercle « catho », il y a des étudiants agnostiques ou d’autres religions qui sont des trésors et des compagnons agréables pour des sorties cuturelles ou sportives ! Je pense qu’il faut se fier à son instinct : si on se sent mal dans tel groupe ou avec telle personne, ne pas se forcer à les fréquenter. Merci pour cette article que j’aurais bien aimé lire quand j’étais étudiante 🙂

  2. Marie dit :

    Merci Thérèse pour cet article !
    Voici mon témoignage, si ça peut aider certaines.
    J’ai fait 3 ans d’études en faculté de lettres, univers malheureusement foncièrement anti chrétien, pas du tout propice à la fidélité à la foi catholique. Me forcer à faire mes prières à des heures précises, surtout quand j’ai pris un appartement, m’a été d’un secours immense pour tenir. Ensuite la lecture de bons ouvrages pour ne pas se laisser influencer et salir par des ouvrages malsains. Participer à des groupes d’études et d’action catholiques, avec une messe et une communion par semaine, militer en fait, c’est essentiel je crois. Enfin, paradoxalement, s’investir vraiment dans ses études et même dans la vie étudiante, tout en restant soi même et surtout en s’habillant décemment : de nombreux (et quand je dis nombreux je n’exagère pas, plus de 10 personnes au moins ! À multiplier par le nombre que nous sommes…) étudiants et même 2 professeurs sont venus me voir pour me demander quelle était la religion (généralement tous pensaient catholique ou témoin de Jéhovah 😆), me poser des questions, sympathiser… Un professeur, d’une honnêteté intellectuelle vraiment remarquable, a même rectifié une erreur concernant la religion que je lui avais fait remarquer ; l’autre se tournait immédiatement vers moi quand il parlait de religion catholique pour vérifier si ce qu’il disait était juste ! J’ai eu ainsi par mon attitude studieuse et modeste à la fois l’occasion de témoigner de la foi, même sur des dogmes tels que l’immaculée conception et la transsubstantiation ! N’ayons pas peur de nous affirmer discrètement, la grâce passe par nous, c’est une responsabilité, un devoir et une joie immense !

  3. Juliette dit :

    Bonjour Thérèse,
    Je vous remercie pour cet article !
    Je me retrouve exactement dans cette situation et cela fait du bien de lire que beaucoup de personnes ressentent la même chose dans leurs études !

    Je sors de deux ans de prépa que j’ai passés dans un lycée catholique. J’étais portée dans ma foi et ce fut réellement deux années très épanouissantes humainement et spirituellement ; j’ai eu la chance de rencontrer des personnes incroyables avec qui j’ai noué des liens très profonds.

    J’ai maintenant atterri dans une école de commerce où je me sens extrêmement seule. J’ai l’impression d’aller à contre courant des autres avec mes valeurs catholiques. J’essaye de tenir bon en priant régulièrement, en allant à la messe ou dans les églises me poser paisiblement.

    Je suis actuellement en colocation avec des personnes non catholiques, et ce n’est pas facile au quotidien d’assumer ce que l’on est, avec ses valeurs.
    J’ai hâte de rentrer dans la vie professionnelle, car les études m’ennuient, les personnes que je rencontre pour beaucoup sont superficielles – pas toutes heureusement, j’ai trouvé quelques personnes avec qui j’ai de belles relations mais elles restent rares et ne vivent pas toujours avec moi. Bref, je n’ai pas de personnes à qui me confier dans la ville où je vis pour mes études.

    Mais effectivement, je me dis que les études sont temporaires, et j’essaye de prendre et garder que ce qu’il y a de bon, et je continue de faire mon petit bonhomme de chemin avec Dieu, Jésus et le Saint-Esprit ! 😉

  4. tatagisou dit :

    Bonjour Thérèse, quelle bonne idée de soutenir les jeunes étudiantes dans leurs choix. Il n’y a pas de plus grand soutien dans la vie étudiante qu’une amie ou un groupe d’amis qui partagent les mêmes convictions. Cependant même seule (et c’était mon cas pendant quelques années), il est très important de tenir bon. Ce qui m’a permis de tenir le coup était d’aller à la messe en semaine et aussi beaucoup de savoir que le bon Dieu comptait sur moi (même un tout petit peu…) pour peut-être sauver au moins une âme ou au moins l’interroger. Dans son livre sur l’amour humain, le père François Charmot indique que l’un des moyens de ne pas perdre la foi est d’être apôtre. Vouloir faire régner le bon Dieu en nous pour les autres, à Son rythme. Se dire que les études sont un moyen pour aller au Ciel au final et non une fin en soi.En un mot, être détachée de l’opinion de tous parce que tout passe, même si c’est dur. Bien sûr, il a pu y avoir des regards ou des questions : pourquoi tu es toujours en jupe ? Mais au final très peu de moqueries ou de rejets; par contre, il m’est souvent arrivé d’avoir des discussions profondes avec des personnes éloignées de l’Eglise ou athées ou même d’autres religions. J’ai pu amener comme ça à Lourdes une jeune fille témoin de Jéhovah qui désirait y aller. Ce sont mes meilleurs souvenirs d’étudiante. En somme, il me semble que le plus important est d’être fier de ce que l’on est sans ostentation, parce que c’est une immense grâce. Quand on est droit dans ses bottes on se fait plus souvent respecter que rejeter. Et puis il faut demander au Saint Esprit la vertu de force. J’ai aussi souvent pris comme modèle une de mes amies d’enfance. Elle ne pratiquait plus, mais elle avait un tel respect pour ses parents et une telle volonté pour réussir ses études, parce qu’elle n’avait pas beaucoup de moyens, qu’elle n’avait aucun scrupule à ne pas prendre part aux fêtes et aux soirées pour pouvoir se consacrer à son travail. Elle n’en avait rien à faire du regard des autres et j’avoue qu’en cela elle a été un vrai modèle pour moi. Je souhaite un bon courage à celles qui souffrent de leur différence dans leur statut d’étudiantes et prie bien pour elles, pour qu’elles tiennent bon et soient le sel de la terre pour les âmes de bonne volonté qu’elles pourront croiser, peut-être même sans le savoir.

  5. Cécile dit :

    Bonjour,

    Le conseil que je glisserais entre le premier et le deuxième est à mon sens fondamental : profiter de ces années pour expérimenter son profil « missionnaire » et son aisance sociale pour parler le mieux, le plus en vérité de sa Foi. A titre personnel, je suis passée par un cursus très loin de la vie chrétienne. J’y ai fondé des amitiés solides et vraies, sans jamais rien renier. Cela fait plus de dix, voire quinze ans que j’entretiens ces amitiés mutuelles. Quand nous organisons un week-end, elles savent que le dimanche, soit je m’éclipse pour assister à la Messe, soit je rentre plus tôt le dimanche pour y assister. Pendant mes études, j’ai toujours terminé les soirées plus tôt pour être en forme le dimanche.

    Après de nombreuses années à fouiller mon tempérament, j’en ai déduit une chose : je suis à ma place quand je réponds aux questions élémentaires de ces amies éloignées de la Foi. Quand elles vous demandent le sens d’un texte, l’origine d’une tradition, quelle richesse ! Et on peut parler en franchise, avec clarté. Et dans les moments cruciaux de mon existence, j’ai constaté que ces amies marquaient réellement leur présence (oui, par exemple, se conformer aux règles de tenue d’un mariage catholique, qui leur coûte plus qu’à des amies pratiquantes/bourgeoises), accompagnaient vraiment de marques concrètes des instants de l’existence. Avec beaucoup de simplicité, loin du formel « en udp » mais qui souvent, n’engage à rien ou presque.

    En revanche, ayant évolué par la suite dans un univers chrétien pour mon premier poste, j’ai beaucoup souffert professionnellement, et je n’en suis ni sortie grandie ni meilleure ni raffermie dans ma Foi. Au contraire, démolie. Ce qui veut dire que là où des tempéraments vont exceller : groupes de chrétiens engagés, métier dans un univers chrétien, d’autres ne seront pas à leur place. Ils seront par exemple plus à même d’évoluer avec force et optimisme (espérance) dans un univers a priori hostile. Je pense que c’est vraiment une question très intime. En revanche, grande vigilance. Ne pas négliger ces amitiés avec des gens « loin de nous », on ne sait jamais ce que Dieu attend de nous pour aller chercher ces personnes. Si nous on ne se risque pas, qui le fera ? Ceci dit, si on souffre trop, pas obligé de se farcir les soirées syndicales étudiantes. 😀

    Tout est question de « digestion » personnelle de la parabole des talents.

    • Thérèse dit :

      Merci Cécile pour ce beau témoignage et ces conseils ! Je suis d’accord avec vous, notamment sur le fait qu’il faut savoir « doser » et se regarder en toute honnêteté pour voir ce dont on est capable ou non 🤗

  6. Cécile dit :

    Oui, somme toute, il faut travailler son « ancrage » et son sens de la compassion, beaucoup écouter sans formuler de jugement si le congénère étudiant se confie. « Si tu le permets, je vais prier pour toi ». Et ça fait parfois beaucoup. 🙂

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