L’âme de tout apostolat – Dom Chautard

« Ceux qui prient font plus pour le monde que ceux qui combattent, et si le monde va de mal en pis, c’est qu’il y a plus de batailles que de prières. » Dom Chautard rappelle dans son livre L’âme de tout apostolat, que la mission du chrétien n’a de sens qu’enracinée dans une vie d’oraison, de cœur à cœur avec Dieu. Conformément aux intuitions de son époque et en particulier de l’Action catholique, il encourage une évangélisation authentique qui se garde de tout activisme. Dom Chautard, excellent guide spirituel, nous enseigne que l’apostolat authentique n’est que le déploiement de la vie intérieure.

« Ainsi à notre époque, nous voyons s’opposer à des maux d’une particulière gravité une foule d’œuvres à peine connues hier : catéchismes préparatoires à la première communion, catéchismes de persévérance, catéchismes pour les enfants abandonnés, congrégations, confréries, réunions et retraites pour hommes et jeunes gens, pour dames et jeunes filles, apostolat de la prière, apostolat de la charité, ligues pour le repos dominical, patronages, cercles catholiques, œuvres militaires, écoles libres, bonne presse, etc., toutes formes d’apostolat suscitées par cet esprit qui embrasait l’âme d’un saint Paul : « Pour moi bien volontiers je dépenserai et je me dépenserai encore moi-même tout entier pour vos âmes« , et qui veut répandre partout les bienfaits du sang de Jésus-Christ. Que ces humbles pages aillent aux soldats qui, tout zèle, toute ardeur pour leur noble mission, s’exposent, en vertu même de l’activité qu’ils déploient, au péril de n’être point, avant tout, des hommes de vie intérieure, et qui, s’ils en étaient un jour punis par des insuccès en apparence inexpli-cables, autant que par de graves dommages spirituels, seraient alors tentés d’abandonner la lutte et de rentrer découragés sous la tente. Les pensées développées dans ce livre nous ont aidés nous-même à lutter contre l’extériorisation par les œuvres. Puissent-elles éviter à quelques- uns ces déboires, et mieux guider leur courage, en leur montrant que jamais le Dieu des œuvres ne doit être délaissé pour les œuvres de Dieu, et que le : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » ne nous donne pas le droit d’oublier le : « Que sert à l’homme de gagner le monde entier s’il vient à perdre son âme ? ».

« Les hommes appelés à l’honneur de collaborer avec le Sauveur pour transmettre aux âmes cette Vie divine doivent donc se considérer comme de modestes canaux chargés de puiser à cette Source unique. L’homme apostolique qui méconnaîtrait ces principes et croirait qu’il peut produire le moindre vestige de vie surnaturelle sans l’emprunter totalement à Jésus, donnerait à penser que son ignorance théologique n’a d’égale que sa sotte suffisance. »

« Si Dieu me demande d’appliquer mon activité non seulement à ma sanctification, mais aussi aux Œuvres, je formerai avant tout dans mon âme cette conviction ferme : Jésus doit être et veut être la vie de ces œuvres. Mes efforts à eux seuls ne sont rien, absolument rien : « Sine me NIHIL potestis facere ». Ils ne seront utiles et bénis de Dieu que si, par une vraie Vie intérieure, je les unis constamment à l’action vivifiante de Jésus. Ils deviendront alors tout puissants : « OMNIA possum in Eo qui me confortat ». S’ils provenaient d’une orgueilleuse suffisance, de la confiance en mes talents, du désir des succès, ils seraient rejetés de Dieu, car ne serait-ce pas sacrilège folie de ma part, de ravir à Dieu, pour m’en parer, quelque chose de sa gloire ? Loin d’engendrer en moi la pusillanimité, cette conviction sera ma force, et quel besoin de prière elle me donnera pour obtenir cette humilité, trésor pour mon âme, assurance du secours de Dieu et gage de succès pour mes œuvres ! »

« Tandis que l’homme extérieur compte sur ses forces naturelles, l’homme intérieur, lui, ne voit en elles que des auxiliaires, utiles sans doute, mais insuffisantes. Le sentiment de sa faiblesse et sa foi en la puissance de Dieu lui donnent, comme à saint Paul, l’exacte mesure de sa force. A la vue des obstacles qui tour à tour se dressent devant lui :  » lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort (2Co 12,10) » s’écrie-t-il avec humble fierté. (…) Sans moi vous ne pouvez rien faire (Jn 15,5). Tel est le principe. Au calvaire le sang rédempteur a coulé. Comment Dieu va-t-il assurer sa première fécondité ? Par un miracle de diffusion de vie intérieure. Rien de plus borné que l’idéal et le zèle des Apôtres avant la Pentecôte. L’Esprit-Saint les transforme en hommes intérieurs et aussitôt leur prédication opère des merveilles. (…) Priez donc ! Priez donc d’abord ; après seulement Notre Seigneur ajoute : Allez donc, enseignez…prêchez (Mt 10,7). Sans doute, Dieu utilisera cet autre moyen ; mais les bénédictions qui donnent la fécondité au ministère sont réservées à la prière de l’homme d’oraison. »

« L’apostolat de l’homme d’oraison, c’est la parole conquérante avec le mandat de Dieu, le zèle des âmes, la fructification de conversions. »

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