« Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » – Témoignage

« Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28)

Je m’appelle Héloïse. J’ai 35 ans et suis juriste de formation. Nous habitons en Allemagne avec mon mari et nos 4 enfants. Cela fait quelques mois que je lis le blog de Thérèse et lui envoie de temps à autres mes idées ou critiques sur ses articles – comme beaucoup d’entre nous ! L’un de mes commentaires a été publié en fin de son article « Mettre en place une bonne règle de vie », comme j’ai mis en place une règle de vie il y a 4 ans, en suivant la méthode préconisée par Holly Pierlot dans son livre Manuel de survie d’une mère de famille – Comment tenir sa maison en ordre et son âme en paix (le sous-titre est presque plus important que le titre, à mon avis). Or, mon sang n’a fait qu’un tour en lisant ce point : « Ce n’est pas la quantité qui compte mais bien la qualité de votre relation à Dieu. » Je crois que Thérèse, en écrivant cela, pensait surtout aux personnes qui veulent cocher les cases des prières à faire, dans une certaine forme de pharisaïsme. Cela dit, qui pourrait bien juger de la qualité de ma relation à Dieu, si ce n’est Dieu lui même ?!

Premier temps

J’ai grandi dans une famille catholique, avec une grand-mère traditionaliste qui m’a transmis mon catéchisme, et une mère progressiste qui m’a poussée à développer ma personnalité. J’ai aussi été scolarisée dans des écoles catholiques. Au collège, je voulais devenir mystique… À l’adolescence, je me suis éloignée de la pratique même si j’ai toujours eu dans le cœur la certitude que j’étais dans la main de Dieu – vous connaissez certainement ce conte poétique des traces de pas dans le sable. Il m’est arrivé de fréquenter des groupes de prières par intermittence, de rencontrer des prêtres, (re)chercher des amis catho. Dans les moments les plus durs (ruptures amoureuses, décès de mon père), comme l’avait remarqué très justement ma meilleure amie, je me tournais naturellement vers Dieu. Je savais aussi que mon parrain et ma grand-mère priaient pour moi.

(…)

Je me suis alors rappelée que je connaissais Dieu, celui de mon baptême et de ma confirmation. J’ai donc repris le chemin de l’église et ai rencontré mon mari. Grâce à lui, au travers de cet amour humain, j’ai compris ou plutôt j’ai ressenti la réalité de l’amour de Dieu pour moi. Dieu s’est donc révélé dans ma faiblesse, comme à St Paul « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » («  Cor. 12, 9) ! Et c’est cela aussi qui a confirmé ma vocation pour le mariage. Nous avons eu à cœur, mon époux et moi, de progresser ensemble en sainteté et de vivre notre sacrement de mariage au quotidien. Grâce à notre préparation au mariage et à la formation Billings que nous y avons reçue, j’ai eu envie de m’intéresser à des sujets connexes et ai beaucoup lu d’ouvrages dont bon nombre sont référencés sur le blog. Je me suis aussi lancée aussi dans la lecture intégrale et chronologique de la Bible, suite à des discussions avec des personnes protestantes. Ils la connaissent souvent de façon très précise et citent des passages entiers de mémoire, et ils ont raison : comment prétendre aimer quelqu’un si l’on n’écoute ce qu’il nous dit seulement le dimanche matin entre 10 et 11 ?

Deuxième temps

Cela faisait donc quelques années que je m’intéressais intellectuellement à la foi, à son contenu, mais la prière demeurait très aride. Puis, j’ai entendu un enseignement du Père Guedas qui recommandait de « prier beaucoup », et je suis tombée concomitamment sur le livre d’Holly Pierlot. J’avais fait une dépression post-partum, nous avions deux enfants et je travaillais à temps plein. Comme j’ai cette fragilité de santé psychique, ce livre a été salvateur pour réorganiser mon quotidien et remettre Dieu au centre de ma vie. Plus précisément sur la prière, j’ai beaucoup entendu et lu cette idée selon laquelle il faut prendre un temps restreint mais fixe dans l’emploi du temps, commencer par 10 minutes puis augmenter progressivement. Résultat, je n’ai jamais tenu plus de 2 jours – faute de volonté, c’est sûr – et je n’avais pas encore compris dans mon cœur ce que l’on entendait par fidélité. Je n’avais pas non plus ressenti l’appel à la sainteté, et ma «  rencontre » avec le Christ était tout sauf fulgurante. Je pense que j’en aurais tiré beaucoup trop d’orgueil, donc le Seigneur s’est dévoilé petit à petit.

Il m’a d’abord rappelé que je devais aller à l’école de la Sainte Vierge : dans son apparition à Beauraing en Belgique, elle a dit « priez beaucoup, priez toujours ». Cette parole a raisonné avec les mots du prêtre ; ma Mère du Ciel serait donc ma meilleure alliée dans la prière. J’ai commencé, à cette époque où j’habitais en Belgique, par prier peu mais le plus souvent possible, comme un enfant apprend la marche : un Ave, un angélus, parfois une prière à mon ange gardien. Mon premier objectif était d’arriver à réciter le chapelet quotidien puisque Notre Dame l’a demandé à Fatima. Holly Pierlot recommande, elle aussi, de prier à chaque fois que l’on commence (confier son travail) ou termine une activité (remercier pour le temps passé en présence de Dieu). C’était mon premier chantier. Au fur et à mesure, j’ai effectivement pu dire un chapelet. Je répartissais mes dizaines, une le matin, une le midi, une au retour du travail, une le soir, et une pendant un allaitement. Puis j’ai voulu apprendre les mystères du rosaire pour méditer aussi le rosaire.

Avec ma règle de vie et la suppression d’activités secondaires, les temps de prière ont pu s’allonger et devenir plus pérennes. À force, j’ai découvert l’envie et surtout le besoin de ces longs temps de prière, de l’adoration, éventuellement plusieurs chapelets par jour. Et surtout de rester près de Dieu, tout en accomplissant mon devoir d’état : changer une couche, préparer le repas, jouer au Uno, etc. Holly Pierlot parle dans les premières pages de son livre de la parabole des 5 pains et des 2 poissons (Lc 9,11b-17). C’est exactement ce qu’il s’est passé : le Seigneur a multiplié mon envie de prier parce que je lui avais offert de tout petits efforts. Au final, je ne sais pas si la qualité de ma relation à Dieu est bonne, pour reprendre l’idée de Thérèse, ni même si mes petites prières sont de qualité, en tout cas l’intimité a réellement grandi. Et il est bien plus facile de vouloir demeurer près de quelqu’un dont l’on se sent proche ! C’est un cercle vertueux.

Quelques idées concrètes

Voici une liste d’idées que j’ai testées :
confier ma journée à Dieu lorsque le réveil sonne « aujourd’hui je veux rester avec Vous » ;
• un Ave lorsque je vois une voiture de pompiers ou une ambulance passer ;
• réciter l’Angélus quand les églises sonnent à midi ;
saluer Jésus présent dans le tabernacle lorsque je passe devant une église, même si je n’ai pas le temps d’y entrer ;
• bénir (in peto) un inconnu dans la rue ou la caissière du supermarché qui est si lente aujourd’hui « Que le Seigneur vous bénisse et vous garde » ;
• écouter les conférences de Femme à part lorsque je prépare le repas ;
• faire un signe de croix ou dire le bénédicité avant le repas ;
• passer la porte de la salle de réunion et demander à l’Esprit Saint de venir sur nous et sur nos collègues ;
• remercier le Seigneur pour le rayon de soleil, la jolie jupe de cette passante, les rires des enfants dans la cour de l’école, etc ;
invoquer St Christophe lorsque je monte dans les transports, ou mon saint patron pour retrouver des affaires ;
• mettre un CD de musique sacrée ou un chapelet médité pour accompagner un trajet ;
• s’inscrire à Une Minute Avec Marie, ou des groupes de prière ou de neuvaines sur Hozana pour optimiser le temps passé (perdu ?) sur mon téléphone ;
mettre des images pieuses ou des citations de la Bible sur mon bureau, mon frigo, mon miroir dans la salle de bain ;
• porter une médaille ou une croix au cou ou au poignet.

Il y a mille façon de laisser plus de place à Dieu dans notre quotidien, de lui donner nos 5 pains et nos 2 poissons. La question est donc : est-ce que je veux vraiment devenir saint ? Est-ce que je suis prêt à tout confier au Seigneur ? En ce mois de novembre où nous pensons tout particulièrement à nos défunts, ce sont de bonnes questions à se poser. J’arrive à la fin de mon témoignage. Il m’aura fallu une dizaine d’années à comprendre tout ce que je viens d’exposer… Mais le Seigneur est très patient – Deo gratias ! – et infiniment Bon. Je dois parfois garder à l’esprit, surtout dans notre société sécularisée et utilitariste, que « perdre » du temps à prier, c’est en réalité « gagner » du temps pour la journée et pour l’éternité !

Perspectives

Je voudrais apporter des petites nuances, précisions et anticiper certaines questions ou remarques, car si les lecteurs s’arrêtent là, certains pourraient se sentir découragés, comme je l’aurais certainement été il y a 5 ans, lorsque je n’avais pas de règle de vie. (…) Faire des efforts pour Dieu, c’est bien ; persévérer c’est mieux. Mon parrain a fait sienne la devise de Guillaume d’Orange et me l’a ainsi transmise : « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Or, il y a encore des jours où j’ai beaucoup de mal à me lancer, où j’ai le sentiment de n’arriver à rien, où je me sens accablée parce que rien ne se passe comme je le voulais – surtout en période post-ovulatoire. J’ai donc adapté ma règle de vie… à mon cycle, avec l’accord de mon mari. Il me faut certes me secouer mais avec plus de compassion qu’avant, lorsque je n’avais pas lu ni écouté Gabrielle Vialla. C’est un aspect qui n’est pas du tout abordé par Holly Pierlot, il me semble. (…)

Réjouissons-nous car il n’est jamais trop tard pour commencer à bien faire (cf. le Bon Larron) : le Bon Dieu donne aussi le Ciel aux ouvriers de la dernière heure (Mt 20, 1-16) !

Merci Héloïse pour votre témoignage !

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Crédit photo : Pexels.

5 réflexions sur “« Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » – Témoignage

  1. Marica dit :

    Magnifique et très encourageant témoignage, merci pour ce partage ! J’ai feuilleté le livre de Hollie Pierlot alors que je n’étais pas encore mariée. Il faudrait que je m’y plonge plus sérieusement.
    Une pensée qui me soutient et me console, quand je suis dans le noir spirituel et que je n’arrive pas à prier : se réjouir et remercier Dieu de n’être rien, d’être si pauvre, car ainsi vide, Dieu a toute la place pour me remplir et agir en moi. De même, ne pas se décourager de devoir travailler encore et encore pour les autres sans pouvoir s’occuper de soi : puisque je ne suis rien, je ne donne que Dieu qui vit en moi et qui est infini. Donc je ne perds rien à tout donner.

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