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Cet article n’a pas vocation à critiquer la chirurgie réparatrice ou esthétique en elle-même, qui se pratique parfois pour des raisons justifiées, mais plutôt de faire réfléchir aux conséquences mais aussi à la beauté en général.
Vous connaissez sans doute l’acteur français Bourvil. Vous l’aurez vu jouer dans de nombreux films comiques des années 50’ aux années 70’, aux côtés de grands acteurs du calibre de Louis de Funès. Dans sa filmographie apparaît également un drame moins célèbre Le Miroir à deux faces (1958), qui traite d’un ton amer et tragique la question de la chirurgie esthétique. Bien que quelques aspects soient exagérés pour le grand écran, ce drame a le mérite de montrer en application plusieurs sujets dont nous avons déjà parlé sur le blog et dans les podcasts (la chirurgie esthétique, l’impact du vêtement sur notre vie intérieure, les vertus féminines, le rôle de la femme dans la société, etc…). Ce film présente quelques scènes à la limite de la décence et il ne convient ni à un public familial, ni à des jeunes filles et garçons n’ayant pas encore progressé sur le chemin de la chasteté et de la modestie. En revanche, un public adulte et averti pourra en tirer plusieurs leçons positives.
Synopsis : Ayant déjà atteint l’âge de se marier, Pierre Tardivet (Bourvil) cherche une épouse qu’il trouve grâce à une annonce : Marie-José (Michèle Morgan) est une femme gentille, douce et dévouée, mais malheureusement dotée d’un visage disgracieux. Le mariage avec Pierre se révèle moins idyllique que ce que Marie-José avait imaginé, mais son mari ne semble pas se rendre compte du malheur qui afflige son épouse. Marie-José s’est ainsi résignée à une vie monotone et ne soigne même plus son apparence : selon elle, pourquoi soigner son aspect lorsqu’on est si laide ? Un soir, sur le chemin du retour après son travail, Pierre Tardivet a un accident en voiture. L’autre conducteur est le docteur Bosc, un chirurgien esthétique. Le docteur secourt Pierre et prend soin de lui dans sa clinique. Lors d’une visite à son mari, Marie-José rencontre le docteur, qui lui propose une intervention gratuite au visage pour devenir plus jolie. Avant son retour à la maison, il lui offre également une séance de beauté, avec une coiffeuse, maquilleuse et styliste. Malgré la ferme opposition de son mari, Marie-José se soumet en secret à l’opération. Lorsqu’elle rentre à la maison, Pierre se met en colère et perd la tête, ne reconnaissant plus la femme qu’il aime. Les enfants ont également le sentiment d’avoir perdu leur maman… en revanche, les hommes mondains font la file pour la courtiser. Je vous laisse découvrir la fin du film…
Quelles leçons pouvons-nous en tirer ? D’un point de vue chrétien et symbolique, le docteur Bosc incarne le diable tentateur, qui incite Marie-José à laisser tomber son rôle d’épouse et de mère dévouée pour se concentrer entièrement sur son apparence. Cette intervention (gratuite en plus) est une attaque à la chasteté, à l’intégrité morale et à l’honnêteté de cette mère de famille. On dit souvent que « les yeux sont le reflet de l’âme ». En effet, notre visage est notre tout premier outil de communication, qui exprime notre intériorité et nos sentiments. C’est aussi notre carte de visite, qui permet aux autres et à nous-mêmes de nous reconnaitre. C’est sans doute la partie du corps à laquelle nous attachons la plus grande importance. Soigner son visage est donc un signe de respect pour soi-même, mais aussi pour ses proches. De la même manière, changer sa physionomie peut être un coup dur pour son entourage : lorsque Pierre voit le nouveau visage de son épouse, il s’exclame « Où est la femme que j’aime ? », tandis que les enfants lui demandent « Qui êtes-vous ? Où est notre maman ? ». Certains défauts, comme le très long nez de Marie-José, nous caractérisent et nous rendent uniques, au point que sans ces défauts nos proches auraient du mal à nous reconnaitre.
Après son intervention, Marie-José devient une femme insoumise, qui ment à son mari et qui n’écoute pas son avis. Par exemple, elle décide de subir l’intervention au visage malgré la ferme opposition de Pierre et lui faisant croire qu’elle était partie rendre visite à sa tante de Carcassonne. Elle envoie même une série de cartes postales à sa famille pour rendre son mensonge crédible. A son retour, elle affirme vouloir travailler pour s’acheter des vêtements à la mode, accordant donc à ses vêtements plus d’importance qu’à son rôle de mère de famille. Une phrase qui revient souvent dans le film est « Avant je ne me soignais pas parce que ça n’a aucun intérêt quand on est laide ». Comme nous le savons, quel que soit notre rôle dans la société, se soigner est un devoir envers soi-même et envers les autres, ainsi qu’une forme d’apostolat. La laideur n’est donc pas une excuse à la négligence vestimentaire. En tant que femme au foyer, l’éducation des enfants est déjà une raison pour soigner sa tenue et son apparence.
Ce film montre de manière très claire comment des changements extérieurs peuvent influencer notre vie intérieure. Le nouveau visage, mais aussi la nouvelle coupe, le nouveau maquillage et les nouveaux vêtements de correspondent à un nouvel état d’esprit de Marie-José : elle étouffe les nombreuses vertus dont elle était dotée pour consacrer son temps à la vie mondaine (soirées de danse, faire les magasins, discuter longuement avec des hommes célibataires et mariés….). Se voir belle pour la première fois l’a rendue vaniteuse, orgueilleuse, insoumise à son mari, négligente envers ses enfants et insatisfaite de son ménage. La droiture de l’âme était certainement préférable à celle de son nez. L’histoire de Marie-José présente certainement quelques traits caricaturés, mais pensons-nous être à l’abri d’une situation similaire ? Même sans avoir recours à de la chirurgie esthétique, sommes-nous sûres que nous ne tomberons jamais dans le piège de l’orgueil et de la vanité, abandonnant notre devoir quotidien ? En réalité, aucune de nous n’est vraiment à l’abri.
Quels remèdes préventifs pouvons-nous adopter ? Réciter les Litanies de l’Humilité ou d’autres prières qui nous aident à résister aux tentations quotidiennes de vanité et d’orgueil (à retrouver à la fin de cet article). Cela pourrait être une bonne résolution de carême. Faire fleurir nos vertus, qui nous rendent véritablement belles, et travailler sur les défauts qui causent du tort à notre entourage et à nous-mêmes. Il n’y a aucune chirurgie esthétique pour notre âme, qui ne soit pas l’effort quotidien et la prière. Accepter ses défauts et ne pas se prendre trop au sérieux. Même la plus performante des interventions chirurgicales ne pourrait effacer l’entièreté de nos défauts et il y en aura toujours un qui finira par nous complexer. Accepter ses défauts est surement une alternative moins couteuse, moins dangereuse, et plus efficace. Savoir en rire nous aidera aussi à relativiser leur importance. Écouter notre mari ou nos enfants lorsqu’ils nous disent que nous sommes belles. Comme le dit Bourvil dans le film « Mais il y a beauté et beauté. Il y a celle qui saute aux yeux, qui nous aveugle. Et il y a celle qu’on découvre peu à peu, car elle vient du dedans, de l’intérieur, comme on dit ». Notre famille voit surtout notre beauté intérieure, qui se manifeste dans notre courage quotidien, dans la patience dans les épreuves et les actes de charité que nous accomplissons au quotidien. Ils ne nous regardent pas avec les yeux du monde, dont les critères de beauté nous poussent à la vanité.
Si la plupart des films et des séries qui circulent prônent des valeurs superficielles, nous poussant à suivre les canons de beauté du monde moderne, certains nous parlent encore de la vraie beauté : la beauté de la vertu et de l’humilité de l’acceptation de son rôle féminin, sans révolte, mais disant son fiat quotidien.
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Crédit photo : Pexels.
Il est tout de même dommage d’avoir laissé de côté le rôle de Tardivet dans toute l’affaire… Moqueur et mesquin dès le début du mariage, négligent, puis proprement haineux suite à l’intervention chirurgicale, tout chez ce personnage est censé attirer l’antipathie du spectateur. Il trouve sa femme grâce à de petites annonces (à une époque où l’on fustige les sites de rencontre, on est quand même en droit de se demander pourquoi le Monsieur désirait se marier en premier lieu), n’écoute rien de ce qu’elle lui dit, en un mot : il la considère comme un objet. Bien loin de tout ce que promeut Femme à Part concernant le mariage ! Il ne s’agit pas là d’une critique de la chirurgie esthétique, mais bien des relations empoisonnées dès le départ par la jalousie, la réification de l’autre, le refus du changement qui finissent par mener à l’éclatement du couple… Ainsi, qui a perdu son âme dans cette histoire ? Est-ce la femme, poussée à des extrêmes par un homme mesquin alors qu’un autre affirme voir la beauté en elle ? (Car c’est bien ce qu’affirme le docteur en lui proposant la chirurgie, qu’il a su voir au-delà de l’apparence ingrate de sa patiente). Ou bien est-ce Tardivet, dont le mariage est tellement bancal avant même d’être prononcé qu’il finit par le mener à sa perte ?
Merci pour cette analyse complémentaire !
Je suis bien d’accord avec Abby plus haut. La jeune femme ne se met pas à travailler par désir d’être indépendante mais parce qu’elle se sent acculée à cette nécessité puisqu’on lui reproche de dépenser l’argent de son mari. Par ailleurs, elle n’a aucune distance propre dans cette famille, dirigée par monsieur et sa mère. Ce film est peut-être aussi une critique masquer envers les mères au foyer…